Un été tout en chaleur et rayons dorés, inespéré après des mois de grisaille glacée. Une trêve dans les affaires du monde. Comme pour nous signifier que notre fatigue était sans objet, que nous n’avons jamais eu froid, qu’aucune envie de nous nicher au creux d’un arbre pour n’en ressortir que sous forme d’humus n’a pu hanter notre esprit un temps donné.
La douceur est bien venue. Notre peau s’en est nourrie. La pluie d’aujourd’hui ferme une parenthèse. Au delà s’écrit le futur. Nous ne voulons pas partir en guerre, clament en chœur (ou presque) les nations. Le maître du monde est bien seul et trop tôt usé. Pour les hommes de bonne volonté pas de possibilité de victoire semble nous dire la rumeur. Va-t-on la croire? Et retourner dans l’arbre?
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« C’est ainsi que par un jour d’été les vagues se rassemblent, basculent, et retombent ; se rassemblent et retombent ; et le monde entier semble dire : « Et voilà tout », avec une force sans cesse accrue, jusqu’au moment où le cœur lui-même, lové dans le corps allongé au soleil sur la plage, finit par dire lui aussi : « Et voilà tout. » Ne crains plus, dit le cœur. Ne crains plus, dit le cœur, confiant son fardeau à quelque océan, qui soupire, prenant à son compte tous les chagrins du monde, et qui reprend son élan, rassemble, laisse retomber. Et seul le corps écoute l’abeille qui passe ; la vague qui se brise ; le chien qui aboie, au loin, qui aboie, aboie. »
Virginia Woolf. « Mrs Dalloway »
Franz Schubert – Piano Trio In E Flat, Op. 100
Franz Schubert, Trio pour piano, violon & violoncelle en mi bémol majeur, Op.100